vendredi 2 juillet 2010

Reconstruction et vérité

On me dit que je fais un pas en avant vers la reconstruction de mon vécu, qu'un nouvel élément revient à la surface à travers une image sortie de je ne sais où, une image qui ne se dit ni vraie ni fausse, mais qui se montre.

Cette image est toutefois tellement incroyable, tellement horrible, comme un enfant offert en sacrifice sous le regard de deux autres enfants qui assistent muets et impuissants à ses souffrances et à sa mise à mort, que je ne peux vraiment pas me résoudre à l'accepter. La seule issue: mener une enquête concrète, rechercher des indices, des recoupements, à défaut de preuves et de témoignages. Comment croire à une histoire qui semble dépasser les limites du concevable ? Pourquoi les autres ajoutent-ils foi aussi facilement à ces images alors que je doute ? N'est-ce pas moi qui fait tourner tout le monde en bourrique, qui joue la comédie ? Et pourquoi ?

Malgré la croyance de ceux qui me veulent du bien, non, je n'arrive pas à croire.

4 commentaires:

  1. les autres y croient parce que ça existe ces choses-là, que des enfants peuvent vivre et assister à de telles horreurs.et que toi-aussi tu as pu vivre cela. Dans tout le contexte où tu vivais.
    comment ne pourrais-tu ne pas douter quand ton psychisme de l'époque a tout fait pour tenter de survivre à de telles horreurs, effectivement inconcevables pour tout le monde.
    insupportables pour tout le monde, enfant, adulte, traumatisme abominable.
    crime, sadisme, cruauté.
    moi-aussi j'y crois à ces images que tu as eues. tu ne joues pas la comédie, tu ne voudrais pas avoir ces images mais elles s'imposent à toi.
    malheureusement il me semble que les images que tu as eu ont toutes finies par se reconstituer.
    et là ca va être pareil.
    je crois que tu ne dois absolument pas douter de toi;
    je suis tellement retournée que tu aies vécu de telles abominations.

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  2. Un jour quelqu'un m'a dit: "si tu te rappelles c'est que tu es prête à affronter la vérité."
    Je suis bien plaçée pour savoir que ce n'est pas une notion facile à intégrer, pourtant j'y crois, du moins j'ai envie !
    Pas facile cette violence insupportable qui émane de tous ces souvenirs et nous donne l'impression que nous n'allons pas y survivre.
    Pourtant je peux témoigner ( après presque 9 ans) qu'ils sont par période moins violents aujourd'hui.
    ça doit être ça la reconstruction...L'acceptation de cet inacceptable horreur. elle se fait sûrement, mais le plus dur pour nous les assoiffés de pouvoir enfin vivre "librement" c'est de constater qu'elle se fera petit à petit.
    Ce n'est pas de la comédie tous ces souvenirs qui voient le jour aujourd'hui Philippe, mais bien toutes ces années passées sous silence !
    Mes pensées t'accompagnent fort.
    Prends soin de Toi.

    http://www.deezer.com/fr/#music/playlist/nouvelle-playlist-37914900

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  3. Je ne sais pas s'il s'agit de souvenirs, de réminiscences, de flashbacks, de cauchemars. Tout ce que je sais, c'est que lorsque je tourne encore une fois mon regard intérieur sur cet enfant apeuré, lorsque je vois ces murs, je suis à la fois effrayé et étrangement calme, incrédule avec une sensation de déjà vu, insensible par peur de souffrir, avec la peur de devenir fou si je m'enfonce là-dedans.

    Je suis aujourd'hui en attente.

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  4. Je me promenais dans une gallerie commerçante avec mon amie incestée il y a plus de 30 ans, lorsque nous passons outre un carrousel en marche. Elle me dit : "Tu ne veux pas y faire un tour (moi le quadragénaire...)" "Non merci, mais ça me rappelle la fois où petit, ma tante me montrait la floche qui pendait en me disant : attrape-là, attrape-là... Et je ne savais pas ce qu'elle voulait, et ce que j'étais sensé faire"
    Silence de mon amie.
    Je fais semblant de ne pas me rendre compte à quelle image cela renvoie dans son imaginaire...
    Le désarroi d'une petite fille qui ne sait pas quoi faire au injonction d'un père qui veut qu'elle le fasse jouir...

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