jeudi 4 mars 2010

Identité personnelle et identité collective

"L'individu n'est pas un atome constitué, avec une identité personnelle qui lui appartiendrait en propre. Mais un système ouvert, un centre de production du sens de sa vie interconnecté à d'autres centres, susceptibles de le déposséder de sa maîtrise personnelle. Cette < dépersonnalisation > se produit d'autant plus aisément que donner sans cesse un sens particulier à sa vie est mentalement fatigant et pénible. Et qu'il est au contraire reposant et socialement réconfortant de se couler dans des évidences collectivement partagées." J-C Kaufmann, L'invention de soi.

Remarques très pertinentes, d'où le danger des "associations de victimes", libératrices dans un premier temps, puis danger de renfermement identitaire sur le seul statut de victime.

Produire du sens en sortant de soi. Se libérer en "s'engageant", comme le voulait Sartre, mais s'engager en de multiples endroits, à de multiples niveaux, souvent contradictoires, pour préserver sa liberté. Ne pas donner un sens à sa vie, mais une multiplicité de sens, au sein de sa famille, de ses amis, sur le travail, dans ses appartenances à des clubs, groupes ou associations. Créer un foisonnement de sens non pas pour se trouver, mais pour se créer.

Plus qu'apprendre à s'aimer, apprendre à créer une vie que l'on puisse aimer parce que riche de sens, d'occasions de fuir le banal, les mécanismes lourds de réminiscences cachées.

S'inventer et se réinventer, c'est être. On est ce qu'on se fait. Il ne s'agit donc pas de retrouver un "soi" substantiel qui serait tapi quelque part au fond de nous, mais de créer un "soi" avec une sémantique aux articulations toujours renouvelées, toujours renouvelables, existant au creux de leurs propres contradictions.

Exploiter pour cela les appartenances sociales (associations, regroupements, etc.) sans jamais toutefois se laisser prendre au jeu des identifications collectives. Rester soi-même implique alors de relativiser ses appartenances et soi-même, ce qui entraîne la reconnaissance des autres commes d'autres "soi" eux aussi relatifs et relationnels. Engagement sincère, mais non pas totalitaire, positif,, mais pas jusqu'à la négation de soi.

Beaucoup d'implications là-dedans. À approfondir.

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